Le rituel

La confiance

Tout l’art du rasage réside dans la gestuelle, classique, sobre, épurée et élégante. De la rondeur, avec un blaireau comme avec un rasoir, mais aussi lors de l’application des lotions et crèmes. Des gestes souples et en courbes. 

Lors du savonnage comme de l’après rasage, cela permet une meilleure répartition et pénétration. Quand je me sers du rasoir, le mouvement de mon poignet dessine une légère courbe, elle permet à la lame d’avoir un tranchant plus net. La barbe se rase plus facilement ce qui procure du confort dans mon travail et pour la personne que je rase. 

Tout ceci crée de la confiance. 

Je suis né dans une famille de coiffeurs, mon grand père était barbier. Dès mon plus jeune âge, je regardais, sans y accorder plus d’importance, les différents gestes et postures du métier de coiffeur. 

Deux choses sont restées gravées dans mon esprit : la couleur rouge des gros fauteuils et les gestes de mon grand père. 

Je n’avais pas plus de six ans lorsque celui-ci a prit sa retraite, mais ces images sont restées gravées en moi. Le passage du coupe-chou sur le cuir, le fauteuil incliné, les mouvements du poignet lorsqu’il savonne un visage, la glisse du rasoir sur les joues, le tintement du métal qui tranche la barbe. 

Le métier de barbier est un métier de traditions et de rituels.

C’est un beau métier, je vais vous en parler.

Accueil

Tout commence par l’accueil. Une personne se lève du fauteuil, une autre prend sa place. Tout en laissant s’avancer cette autre personne, je nettoie le fauteuil, la tablette, il s’assoit, nous échangeons quelques mots.

D’un geste ample, je dispose la cape qui protégera ses habits tout au long du service. 

Nous parlons de ses attentes. Si le service est un rasage facial ou une taille de barbe et une coupe de cheveux, je commence toujours par les cheveux.

 

Observation

Nous y sommes, le rituel peut commencer.

J’installe le repose tête, la serviette sous son cou et j’incline le fauteuil.

J’observe l’implantation de la barbe, sa nature, si elle est souple ou bien dure, ça va me permettre de choisir les produits que je vais devoir utiliser mais aussi les gestes que je vais devoir respecter.

les gestes du barbier avec la serviette chaude

Serviette chaude

Mon blaireau trempe depuis deux ou trois minutes dans un bol d’eau chaude, je le prend et j’humidifie la barbe. Puis j’applique un premier produit. Ce peut être un avant rasage tel le pré barba de chez Proraso ou bien du savon. Je répand ce produit en massant en gestes rotatifs à l’aide du blaireau ou tout simplement avec mes doigts, puis délicatement je dépose une serviette bien chaude sur le visage. Je ne laisse sortir que le nez, juste pour  que mon client puisse encore respirer… 

Cette application de la serviette chaude a plusieurs effets : tout d’abord elle procure un grand confort, elle détend. De plus, nous respirons cette chaleur humide aux essences de savons et d’huiles déposés sur la peau. La chaleur a une vertu relaxante, on se sent bien. 

Elle détend aussi la peau et la barbe, elle permet aux produits appliqués de pénétrer le poil, de l’assouplir et de l’envelopper. 

Les pores s’ouvrent, la peau s’hydrate et retrouve son élasticité.

Cette application dure le temps que la chaleur reste contenue dans la serviette. Pour prolonger au maximum ce temps de préparation au rasage, il faut bien humidifier la serviette, pas dégoulinante mais qu’il y est pas mal d’eau. Je choisi des serviettes en coton un peu épaisses.

Coupe-chou

Durant ce temps, je prépare mon rasoir et mon savon. Si mon rasoir est un coupe-chou, je le passe sur le cuir, je le fais glisser sans forcer. Ces passages ont pour but de redresser et d’affiner le fil du rasoir. Ce doit être léger et ferme à la fois.

Si c’est un rasoir shavette, je pose une lame neuve. 

Le savon

Pour le savon, j’ai deux possibilités : soit je fais monter la mousse dans un bol, soit, si le savon est en crème, je peux choisir de le faire mousser directement sur le visage de la personne que je vais raser. Les deux solutions sont bonnes, ce qui est important, c’est de beaucoup travailler la barbe. 

Plus la barbe est dure, plus il faut prendre son temps, bien humidifier le savon, le faire pénétrer, envelopper la barbe et la peau par des gestes rotatifs ce qui permet d’évacuer d’éventuelles bulles d’air sous le savon, en contact avec la peau.

le barbier prend le temps

Prendre son temps

« Une barbe bien savonnée est une barbe à moitié rasée »

nous dit un proverbe barbier et c’est vrai. Cela se confirme chaque fois que je rase une personne. Si je suis pressé, si je néglige le savonnage, le rasage ne se passe pas aussi bien que lorsque je prend le temps.

Lorsque je me sers du blaireau, je garde toujours mon poing gauche serré derrière mon dos. Cela évite d’avoir le bras qui pend, c’est plus élégant.

Donner du plaisir

Prendre le temps c’est gagner du temps, c’est donner du plaisir.

Un barbier exerce un métier de valeurs. Il ne fait pas partie de la culture de consommation et de rentabilité immédiate. Le barbier met en application des rituels, des gestes sans cesse répétés, des gestes qui sont son savoir-faire. A force de répéter ces gestes, ils sont de plus en plus sûrs et de plus en plus beaux.

couperlescheveux.com

le blog d’un coiffeur pour les familles !

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